Travailler dans un restaurant français au Japon, mon expérience (1)

Bistro B (Osaka)

Après avoir travaillé un mois sur une plateforme de tri et de conditionnement de foin à lapin, j'ai décidé de déménagé dans la préfecture voisine d'Osaka. J'avais réservé une chambre à l’hôtel Toyo, pour un loyer, charges comprises, de 33 000 yen, soit environ 250 euros. J'ai consacré le mois de mars à l'exploration de la capitale du Kansai, puis, en avril, j'ai commencé à postuler à des offres d'emploi, entre autres, dans le domaine de l'enseignement de l'anglais. Mes entretiens ont tous été infructueux. Un des Français de l'hôtel m'a conseillé de postuler chez le chef Sakamoto, au Bistro B. J'ai appelé. Le jour même, on m'a convié à un rendez-vous dans le restaurant, et, aussitôt, j'ai été embauché comme employé à mi-temps, de 10h00 à 13h30, quatre fois par semaine.

J'entrais par la porte de service, j'enfilais mon tablier avec un badge à mon nom, en katakana, puis je balayais dans la rue, sur la devanture. Après quoi je montais le « décor » : de part et d'autre de l'entrée, je plaçais des bouteilles vides, et derrière, le porte-menu. A cela s'ajoutait un drapeau français fixé au mur ainsi qu'un étendard aux couleurs du Bistro B. Vers 11h30, les premiers clients arrivaient pour déjeuner. Sous les ordres de la femme du patron, qui s'occupait de la salle, je faisais le service pour deux personnes. Il s'agissait d'un petit établissement familial.

Quand on a échappé au coup de feu, la brigade se réunissait au rez-de-chaussée pour goûter à la cuisine du chef. Bien que nous étions dans un restaurant français, nous mangions japonais, en la compagnie de l'apprenti de Sakamoto. Les hauts-parleurs diffusaient des chansons françaises. Après le repas, d'aucuns allaient faire la sieste, en attendant le service du soir. Pour moi, je prenais congé jusqu'au lendemain et retournais à mon hôtel, situé à cinq minutes à pieds.

Vers la fin du moins d'avril, l'équipe du Bistro B était invitée à présenter ses produits lors d'un festival dédié à la France. Le festival avait lieu dans un centre commercial à Ikeda (préfecture de Hyogo). A cette occasion, le chef Sakamoto m'a demandé de les accompagner. J'avais pour mission d'achalander les badauds qui se promenaient dans les allées du magasin. Dès que quelqu'un passait près de notre étalage de charcuterie, de fromage et de pâtisserie, je m'exclamais いらっしゃいませ! ou « Bienvenue ! » Le patron m'avait poussé sur le devant de la scène en ma qualité de Français. Il avait vu juste, car plusieurs personnes m'ont abordé afin de s'entretenir, parfois dans la langue de Flaubert. Le cuisto demeurait derrière le comptoir et vendait ses créations culinaires aux curieux que j'avais attirés. Il leur proposait un verre de bouillon de pot-au-feu ainsi qu'un morceau de jambon.

Alors que je travaillais à mi-temps pour le Bistro B, je n'arrêtais pas de postuler à des offres d'emploi sur Internet. Deux semaines après mon embauche, j'ai été rappelé par un recruteur qui m'avait recalé au début du mois d'avril. A la suite d'un désistement, il m'a offert de repasser un entretien pour devenir assistant d'anglais dans deux écoles publiques à Kakogawa, dans la préfecture de Hyogo. J'ai accepté. L'une des conditions à l'embauche était de me relocaliser là-bas.

Yacine Zerkoun

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